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Quelques vidéos très instructives...

Voici une petite sélection de vidéos démontrant :
- l'impact des artefacts sur l'EEG lors de séances de neurofeedback ou d'expériences de BCI ;
- l'aspect gadget de la plupart des dispositifs qui prétendent utiliser l'EEG pour des objectifs divers.

La grande difficulté, avec cette quantité énorme de vidéos disponibles sur le Web, est de pouvoir faire la différence entre celles qui relèvent de la démonstration publicitaire, celles qui montrent des utilisateurs persuadés de réaliser des prouesses avec leur cerveau, et celles qui apportent des informations objectives et scientifiques sur l'EEG et/ou des preuves scientifiques sur l'arnaque de nombreux dispositifs...
 
Note : ces vidéos sont en anglais mais les démonstrations les rendent facilement compréhensibles sans avoir besoin de maîtriser la langue.

- Vidéos de BPM Biosignals -
 
The EEG signal of neuro gadgets using dry electrodes - Durée 7 minutes
> www.youtube.com/watch?v=XKYcPVU_X6I
 
EEG artefacts: 'mind' or just muscle activity? - Durée 3 minutes
> www.youtube.com/watch?v=_AqTwAoT6dw
 
EEG: How to record brain waves & the alpha-wave test - Durée 3 minutes
> www.youtube.com/watch?v=8ki3Xb5atMw
 
The EEG (brain waves) of a Jello - Durée 6 minutes
> www.youtube.com/watch?v=h5HFs7NgpXk
 
- Autres vidéos -
 
MindFlex hoax? - Durée 4 minutes
> www.youtube.com/watch?v=HsmLA9PqTGM
 
Comparison of Mindflex Toy to EEG Research System - Durée 2 minutes
Pour bien comprendre cette démonstration, il est nécessaire de lire les commentaires de son auteur.
> www.youtube.com/watch?v=JGUMU537N4o
 

REMARQUES
 
Plusieurs start-ups (dont des françaises) développent ou proposent déjà des dispositifs, parfois baptisés "médicaux", dans le domaine du neurofeedback (ou à ce qui pourrait ressembler à du neurofeedback) ou bien dans le domaine des interfaces cerveau-machine (ICMs ou BCIs en anglais).
Que ces dispositifs soient destinés à la santé (sommeil, relaxation, gestion du stress...), à la rééducation, à l'augmentation des performances intellectuelles ou pour d'autres objectifs, ATTENTION aux pièges de la communication !
 
•  Il est important de savoir qu'en électroencéphalographie, les artefacts ne proviennent pas seulement d'activités musculaires, ils peuvent avoir des origines très variées et pas uniquement physiologiques. Seule une formation sérieuse en EEG permet de les recenser, les étudier, les prendre en compte, les éliminer...
 
•  Les électrodes sèches ne permettent pas d'obtenir un signal de qualité. Pour cela, il faudrait adopter des électrodes sèches valant plusieurs centaines ou milliers d'euros ! Voir exemples de 2 ou 3 systèmes référencés sur biofeedback.fr au chapitre liens en page 1. Il existe aussi des électrodes EEG préamplifiées qui permettent de transmettre un meilleur signal... Cependant, pour garder une certaine facilité d'utilisation par le grand public, tout en offrant un signal d'une assez bonne qualité, il conviendrait alors de privilégier l'utilisation d'électrodes salines...
 
•  Il y a une grande différence entre les expériences faites dans des conditions de laboratoire pour valider ou plutôt pour vanter les qualités d'un dispositif, et les conditions d'utilisation par le grand public. Conséquences : une efficacité très discutable, voire aucune, ou des résultats obtenus seulement par effet placebo...
 
•  Trop souvent, les électrodes sont positionnées sur des sites du scalp facilitant l'utilisation du dispositif (sur le front par exemple) mais avec le problème d'enregistrer un signal fortement pollué par des artefacts d'origine musculaire. De plus, les sites choisis ne sont généralement pas situés sur des zones représentatives de l'activité cérébrale ciblée...
 
•  Parfois, on peut se poser la question de savoir si les électrodes EEG ont une réelle utilité ou si elles ne sont là que pour donner au dispositif le petit côté neurosciences très à la mode actuellement, particulièrement quand des électrodes EMG ou des capteurs de mouvements suffisent largement à déterminer les phases de sommeil par exemple ? De plus, certains dispositifs peuvent aussi délivrer de la musique, des sons spéciaux, voire des suggestions. Dans ces conditions, à quoi doit-on attribuer l'efficacité du dispositif ? On peut noter aussi une utilisation souvent non justifiée des termes biofeedback et/ou neurofeedback.
 
•  Le mode de fonctionnement (algorithmes, etc.) de ces dispositifs n'étant pas accessible, ce n'est que par des analyses telles que celles faites par des scientifiques, n'ayant aucun lien avec les sociétés les commercialisant, qu'il est possible de déterminer si ce sont des gadgets ou pas...
 
•  Pour terminer, il ne faut pas oublier qu'une petite erreur dans un programme (ou dans des calculs) peut fausser les résultats. Ainsi, prenons l'exemple du biofeedback de la cohérence cardiaque, avec une erreur dans le programme, vous serez persuadé d'être en cohérence cardiaque alors que ce n'est pas le cas.
En biofeedback, en neurofeedback ou dans le domaine des ICMs (BCIs), si des artefacts ne sont pas éliminés correctement, les résultats seront donc faussés.
Et vous comprendrez que si un programme censé traiter des signaux EEG contient, sciemment, des calculs prenant en compte des signaux EMG, il est alors très facile d'obtenir des résultats qui ne correspondent pas à la réalité. Astuces supplémentaires : en plaçant les électrodes sur le front et en demandant au sujet de se concentrer fortement pour faire bouger un objet (virtuel ou pas), il y a de fortes chances pour qu'il génère, automatiquement et inconsciemment, des contractions musculaires en région frontale. Ainsi, l'expérience marche à tous les coups, mais avec de l'EMG déguisée en EEG...
 
CONSEILS
 
•  Méfiez-vous des vidéos spectaculaires ou promotionnelles. Sachez aussi que, dans les domaines, relativement nouveaux en France, du neurofeedback ou des BCIs, des journalistes scientifiques, ou présentateurs TV, voire même des docteurs en médecine, ont déjà été dupés par certains dispositifs basés sur l'EEG...
 
•  La lecture de publications ou de cours d'écoles comme l'ESPCI (exemple : TP Interface Cerveau-Machine de la section physiologie) pourront vous éclairer sur la difficulté à obtenir un bon signal EEG en raison des matériels utilisés (encodeur, électrodes, etc.)...
 
ÉCLAIRAGE COMPLÉMENTAIRE
 
- Dans le magazine Cerveau & Psycho 105 (décembre 2018), Stéphane AMATO aborde un autre aspect de ces gadgets destinés au grand public. Son article : "Décodage émotionnel : arnaque ou cauchemard ? - De plus en plus d'appareils connectés proposent de décoder nos émotions sur nos visages ou dans notre voix. Pur charlatanisme ou pente glissante vers une commercialisation de l'affect ?" Une lecture vivement conseillée de cette analyse particulièrement intéressante.
- Stéphane AMATO a également publié dans la Revue française des sciences de l'information et de la communication cette excellente étude sous le titre : "Nouveaux décodages high-tech des émotions : une perspective critique". Disponible en ligne à cette adresse : https://journals.openedition.org/rfsic/3908.
 
- Neuromarketing : avez-vous lu cette page, rédigée en 2012, sur biofeedback.fr ? Elle abordait cet aspect de l'analyse des émotions...
- Autres infos complémentaires sur cette page, rédigée en 2012 sur biofeedback-relaxologie.info, consacrée à l'Emotiv EPOC, avec également quelques infos sur d'autres appareils. Et cette autre page, rédigée en 2011, contenant aussi plusieurs infos que vous ne trouverez pas sur d'autres sites français.

 
COMPARONS maintenant ces 2 exemples
 
Au Magazine de la Santé, sur France 5 le 23 mai 2015, un reportage montrait une expérience révolutionnaire aux USA.
Note : il s'agissait là d'une expérience dans le domaine des BCIs (ou Interfaces Cerveau-Machine) et non pas de Neurofeedback.
Pour résumer, une personne tétraplégique arrivait à piloter un bras articulé par la pensée. Vous pouvez observer que les électrodes étaient directement implantées dans le cerveau. Par rapport aux expériences du même genre réalisées auparavant, c'est la zone du cerveau choisie qui était différente, ce qui permettait d'obtenir de meilleurs résultats.

BCI 1     BCI 2     BCI 3

Mais vous avez peut-être déjà vu un présentateur (par exemple en 2016 sur une chaine française de télévision) piloter très facilement un drone par la pensée ?
Avec seulement quelques électrodes sur la tête, il obtenait des résultats spectaculaires, bien supérieurs à ceux de cette personne tétraplégique.
Et notre présentateur, qui se veut scientifique mais qui manifestement ne s'était pas documenté avant son émission, trouvait cela révolutionnaire. On disait que ces recherches allaient bientôt changer la vie de millions de paralysés ! Il ne savait pas non plus qu'un logiciel identique (ou ce logiciel ?) était en vente depuis plusieurs mois sur le site Web d'Emotiv...
 
Entre ces deux exemples, il n'y a pas quelque-chose qui vous étonne ?
Alors maintenant, quand vous verrez quelqu'un s'amuser à pratiquer la télékinésie dans son salon, sur le stand d'une foire, à la TV ou sur YouTube, riez un bon coup (ça vous fera du bien) et ensuite posez-vous les bonnes questions en relisant les infos ci-dessus et en alimentant vos connaissances et votre sens critique par des travaux scientifiques publiés sur le Web...

Page mise en ligne le 14 mai 2018 - Section ÉCLAIRAGE COMPLÉMENTAIRE ajoutée le 10 décembre 2018
 
Jean-Loup Drouet

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